Le phénomène prend de l'ampleur Les agressions à main armée se banalisent
Signes des temps nouveaux : jamais dans notre jeunesse, grâce à notre éducation, notre tempérament et aux valeurs essentielles de la société dans laquelle nous vivions et auxquelles nous étions attachés, une telle ampleur d'agression à main armée n'a été enregistrée.
Le phénomène s'est banalisé, il est devenu quotidien. A la moindre occasion, des jeunes se mesurent au grand jour à l'aide de couteaux.
Cela renseigne sur le calvaire que vit cette jeunesse visiblement perdue dans un univers fait de chômage, d'absence de perspectives et de pratiques illicites telles que la consommation et la commercialisation de la drogue quand il ne s'agit pas de se fourvoyer dans les réseaux de prostitution et de trafic de toutes sortes.
Avides de se tracer une carrière socioprofessionnelle laquelle semble loin de prendre forme, c'est plutôt le désarroi qui les attend à chaque détour. Le résultat d'un tel désœuvrement est largement prévisible.
La montée en puissance des agressions à main armée n'est que la partie visible du problème de la jeunesse. Sinon, comment expliquer le comportement de nos jeunots censés vouloir bâtir leur avenir, sachant que la base est assise sur de frêles cartes, ne pensant qu'à se venger à travers des actes ignobles.
Le mépris dont ils sont victimes les rend généralement furieux, quitte à se comporter de la manière la plus horrible qui soit, en ayant parfois ce sentiment de miser le tout pour le tout, créant ainsi des situations de non-retour. Des actes incommensurables et déplorables sont en effet souvent signalés à travers la capitale.
Ces jeunes ne se limitent plus à faire peur, mais plutôt à aller au fond dans leur besogne. Au vu et au su des responsables des différentes communes ou autres secteurs, des services de sécurité (lesquels réfléchissent par deux fois avant de prendre une décision), ces jeunes se trimbalent dans les quartiers avec des instruments dangereux notamment des lames.
Tout récemment, le populeux quartier de Bab El Oued a été le théâtre d'un affrontement entre les habitants du bidonville plus connu sous le nom de Diar El Kef (ex-Carrière Jaubert) et les forces de l'ordre dépêchées en nombre impressionnant pour juguler la colère de ses habitants et boucler toutes les issues menant à ce quartier.
Les deux parties étaient armées de sabres et de couteaux. Dans un passé encore plus récent et à Mohamed Belouizdad, le même scénario s'était produit entre deux groupes qui souhaitaient exprimer leur désarroi mais les esprits étaient loin de s'apaiser.
De leur côté, les citoyens de la cité Mahieddine et de Chaâba avaient maintenu la pression en fermant les routes menant vers Belouizdad avec des sabres et des couteaux, un geste de désespoir entrepris à la suite de la démolition d'une construction illicite.
Enfin, l'utilisation de ces instruments dangereux prend de l'ampleur dans les différents quartiers à la recherche d'une place dans la société en tant qu'acteur actif, loin de l'indifférence et du mépris.
Ahmed Chébaraka
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