Mendicité dans la capitale
Retour en force du fléau
La mendicité, un fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur. En effet, les différents quartiers de la capitale, notamment populaires, sont envahis par ces gens qui font la manche tout en harcelant les passants.
Les mendiants font pratiquement partie du décor de la capitale. Envahissant les espaces publics, ces gens, très souvent des femmes, qui font la manche choisissent avec soin leurs «lieux d'exercice». En effet, ceux-ci se positionnent surtout devant les différents commerces du centre-ville, notamment les boulangeries et les pâtisseries, et les stations de bus.
Certains d'entre eux changent d'endroits, se déplacent fréquemment, alors que d'autres ont des points fixes. Ces derniers sont devenus des visages connus marquant quelques endroits, tels les quartiers Meissonnier, Maurice Audin (Alger-Centre) ainsi que certaines cités dans la commune de Belouizdad.
Mais il semble que les gares urbaines sont les terrains de chasse privilégiés pour les mendiants. Sans doute à cause de l'affluence que connaissent les stations. Des milliers de gens fréquentent chaque jour les stations surtout celles du 1er Mai, 2 Mai, Tafoura, la place des Martyrs et Boumati.
Des astuces et des stratagèmes Pour ces gens-là, tous les moyens sont bons pour amener les passants à leur donner l'aumône. Dans ce cadre, ils utilisent de nouveaux stratagèmes. Certains d'entre eux affichent une triste mine sur leur visage, pleurent parfois à longueur de journée, afin d'attirer les âmes charitables tout en lançant des formules de bénédiction touchantes. Des formules choisies avec soin pour attendrir les cœurs des passants.
«Aidez-moi pour nourrir ces orphelins !», se lamente cette mendiante occupant avec ces 4 enfants un coin en face d'une boulangerie au quartier Ferhat Boussaâd (Ex-Meissonnier). A quelque deux mètres d'elle on retrouve son «confrère» qui tend la main lui aussi.
Cet aveugle, la cinquantaine, n'hésite pas à harceler les gens en chantant souvent ce même refrain : «Que Dieu bénisse celui qui aide un invalide». Ces deux mendiants, sont devenus presque des symboles des lieux. Leur présence constitue toutefois une source de dérangement pour les habitants. Il n'y a qu'à entendre leur complainte pour perdre sa bonne humeur.
«Mais ils ne se lassent jamais !», déclare un propriétaire d'un commerce d'alimentation générale au quartier en question dont le mur a été occupé par un autre mendiant. «C'est devenu un métier !», rétorque le pharmacien d'à côté. «Ce sont les mêmes visages qu'on voit tous les jours !», remarque-t-il. En fait, plusieurs mendiants sont visibles dans le même coin depuis des mois voire des années. La ville leur offre un excellent avantage : l'anonymat.
Comme personne ne les connaît personnellement, ils mendient sans peur d'être identifiés ou de tomber, au hasard, sur une connaissance. Les seules fois où ils daignent quitter leur place, c'est quand les policiers les y obligent de temps à autre. On a assisté jusqu'à des bagarres entre mendiants sur des histoires de «place» dont chacun revendique la propriété au nom de l'ancienneté !
La plupart d'entre eux jettent leur dévolu sur les grandes artères du centre-ville, là où cela rapporte beaucoup. Quand ce sont des membres de toute une famille qui demandent la charité, les rôles sont partagés, chacun dans un endroit précis. «Ils choisissent la facilité», estime une dame rencontrée sur place.
Des enfants pris dans les griffes du fléau Exploiter des enfants de différents âges dans la mendicité est «indigne», s'insurge un quadragénaire habitant la rue Didouche. Ces gens qui tendent la main utilisent les enfants afin de réussir leur coup. C'est le cas du mendiant au quartier Meissonnier. Une vraie image de désolation, celle que présente cette mère avec ces 4 enfants.
Ces gamins de bas âges sont souvent exposés au soleil et à la pluie. Ils sont également mal nourris et mal habillés. Et ce mode de mendicité prolifère de plus en plus où ces petits mendiants sont très sollicités dans ce domaine. Et les images des enfants utilisés dans ce «nouveau métier» sont vraiment choquantes et bouleversantes.
La pauvreté, le divorce, la violence conjugale, le chômage, ainsi que d'autres facteurs sont à l'origine de la prolifération de ce phénomène. Mais il y a une catégorie de personnes qui s'est professionnalisée en la matière.
Là on parle des réseaux spécialisés encouragés par le le laisser-aller des autorités locales. Ceux-ci et pour gagner le plus d'argent facilement font appel à des techniques ingénieuses. Pour freiner ce phénomène, une politique sociale d'urgence devrait être mise en œuvre par les pouvoirs publics.
Le mal doit être attaqué à la racine. Il est bien de rappeler dans ce sens qu'un projet de loi qui prévoit des dispositions dissuasives contre ce fléau social a été proposé au gouvernement, en décembre dernier, par le département de la solidarité nationale et de la famille. Dans le cadre de ce texte, en cas de son aboutissement, des sanctions seront prises à l'encontre des parents qui utilisent leurs progénitures dans ce «métier».
Karima Adjemout
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