Les jardins publics Ces espaces laissés à l’abandon
Les quelques jardins publics qu'abrite la capitale sont dans un état déplorable. Alors qu'ils devaient constituer un véritable lieu de détente, de balade et de repos, c'est-à-dire un «coin de verdure» où les citoyens peuvent venir se prélasser en toute tranquillité, ces espaces ont changé de vocation.
En plus du manque flagrant constaté en matière d'espaces verts, les rares jardins dont dispose la capitale sont dans un état déplorable. Ceux-ci ressemblent beaucoup plus à des dépotoirs à ciel ouvert plutôt qu'à des lieux de balade et de détente. Ces «coins verts» qui faisaient jadis la fierté de certains quartiers de la première ville du pays ont perdu leur vocation. Délaissés, ces jardins sont le lieu privilégié de tous les fléaux sociaux comme la délinquance et les vols. Ils sont devenus «l'asile» des fous, des délinquants et des vagabonds en général. Pis encore, c'est là que se commettent en toute impunité les actes qui portent gravement atteinte aux mœurs publiques. Cela offre désormais un spectacle de désolation et une triste image d'une ville où les espaces verts ne sont plus en état de rendre service à une population en mal de loisirs. Les habitants de la rue Didouche Mourad, à Alger-Centre, sont consternés.
Ils déplorent l'état du jardin public mitoyen. Cet espace vert donnant sur la rue Didouche, témoignent certains habitants, est devenu un «refuge» pour les délinquants et les malades mentaux. «Cela fait mal de voir ce genre de choses», se plaint une dame habitant l'immeuble qui fait face au parc.
La quinquagénaire fait remarquer que ce jardin était le seul endroit où les habitants se détendaient et se reposaient le week-end et les jours fériés, histoire d'oublier les tracas de la semaine.
Entre-temps, à cause du laisser-aller, ce lieu est devenu mal fréquenté, au point où l'on risque sa vie rien qu'en s'y aventurant. «Il est désormais impossible de s'approcher des lieux», s'indigne pour sa part un habitant de la rue Ben M'hidi. Celui-ci décrit une situation lamentable dans laquelle est tombé le jardin d'à côté, «l'Horloge».
«On n'y trouve que des drogués, des alcooliques…», assure-t-il. Il souligne dans ce sens que cet endroit constitue une menace permanente pour la sécurité des riverains.
Avec regret, un retraité rencontré au boulevard Amirouche (Alger-Centre) se rappelle de la belle époque où les jardins étaient fleuris et où des familles faisaient des haltes et où des enfants jouaient à leur guise. L'insécurité dans les parcs urbains s'ajoute à l'insalubrité publique.
Les déchets ménagers et les ordures de toutes sortes jonchent le sol. «C'est à cause de l’incivisme de certains citoyens», se plaint un agent de nettoyage rencontré au jardin Sofia sis à proximité de la Grande-Poste. Il suffit d'y faire un tour pour se rendre compte que les lieux ressemblent plus à des décharges publiques plutôt qu'à des espaces de balade et de détente.
Il ne faut pas oublier le manque d'entretien qui se manifeste dans certains de ces espaces de «verdure» par la poussée de quelques herbes sauvages.
Il y a aussi le problème de la pollution due aux véhicules qui stationnent à proximité de ces jardins. Redonner leur image initiale à ces espaces délaissés s'avère une tâche difficile en l'absence d'une politique de protection de l'environnement, mais surtout d'une bonne volonté de la part des responsables et de la population. Mais où sont les responsables locaux dans tout ça ?
Ces derniers sont normalement censés arrêter de tels dérapages, de tels abus et des décisions insensées qui nuisent au bien-être des citoyens. Quand est-ce que les espaces verts retrouveront leur véritable vocation ?
Karima Adjemout
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