Point net
50% la reprise
Vous voulez que nous reprenions le travail ? Bien. Nous reprenons le travail et nous augmentons nos tarifs de 50%. Ce n'était pas une condition supplémentaire des transporteurs des voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou, c'était une «information» que les usagers ont apprise avec stupéfaction au passage du receveur, dans le premier bus qu'ils empruntent depuis 47 jours.
Quelques heures de soulagement après deux mois de calvaire donc, les voyageurs de la région découvrent qu'ils devront (re) mettre la main à la poche pour pouvoir rejoindre leur lieu de travail, rentrer chez eux, ou aller résoudre leurs problèmes ordinaires. Tout ça pour ça. Et si ce n'était que pour arriver là que les transporteurs avaient débrayé ?
Ceux qui y pensent ne manquent pas d'argument. D'abord parce que d'une manière générale, ils ont appris depuis longtemps que la tension sur un produit ou un service a rarement d'autre issue que celle d'en subir les conséquences dont la plus fâcheuse pour eux est la flambée des prix.
Ensuite parce qu'ils n'ont jamais vraiment compris les raisons de la colère des transporteurs dont les exigences laissent perplexes plus d'un. Enfin parce qu'une augmentation de 50%, ça ne fait jamais sourire. ça fait plutôt rire jaune, avec en plus la certitude que les pouvoirs publics, qui sont loin d'être irréprochables en l'occurrence, se soucient du résultat final comme de leur dernière chemise et ne vont de ce fait rien faire pour que la facture soit moins douloureuse pour le citoyen ordinaire.
Après tout, le prétexte est trop limite pour mériter quelque compréhension populaire, encore moins susciter de la sympathie. Des transporteurs qui refusent une nouvelle gare routière, avec plus de commodités et d'espace et paralysent une wilaya aussi longtemps et des pouvoirs publics qui n'ont rien fait pour que ça se termine, sinon laisser pourrir la situation, ça sent le roussi et le résultat final n'est pas fait pour démontrer le contraire.
Présentée comme le résultat de «l'esprit de responsabilité» des transporteurs alors qu'elle n'est que l'émanation d'une partie d'entre eux qui ne pouvaient ou ne voulaient plus supporter plus longtemps «le manque à gagner», la reprise coûtera finalement aux usagers plus que n'a couté le débrayage.
Pour les transporteurs, dont les 50% d'augmentation compenseront largement et rapidement les pertes. Et pour cause, ils ont sorti la calculette dès qu'ils se sont rendu compte qu'il y avait peut-être une solution : la plus facile. Quant aux arguments du genre «augmentations des charges» ou encore «l'augmentation était prévue avant la grève», les citoyens ont déjà entendu ça. Trop souvent et depuis trop longtemps.
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