Boualem Aïssaoui, producteur et réalisateur : «Le lancement de nouvelles chaînes de télévisions est un vecteur de progrès et d'essor»
Ancien élève de l'école nationale supérieure de journalisme d'Alger (1964 à 1967), M. Aissaoui qui a occupé des postes de responsabilité à divers niveaux de la production radiophonique et cinématographique nationale (1967 à 1990) et membre fondateur de l'association des producteurs algériens (AVA) et méditerranéenne (Apimed),
il est considéré comme un des doyens du cinéma algérien. Dans cet entretien, il nous fait part de ses avis et impressions sur la question de l'ouverture médiatique et de son impact sur la société algérienne et de toute sa composante tout en mettant en exergue son optimisme.
Le Temps d'Algérie : Quel est votre avis sur la question relative à l'ouverture du champ médiatique et si cela venait à être concrétisé quelles en seront les conséquences et les retombées sur le décor médiatique ? Boualem Aissaoui : Depuis une dizaine d'années, j'ai ouvertement affiché une position favorable à l'ouverture du champ médiatique et plus précisément sur la possibilité de lancement de nouvelles chaînes de télévision en relation directe avec le décor médiatique existant et qui viendraient épouser le pluralisme sous ses multiples formes qui s'est installé dans notre pays.
Il faut avouer que l'essor de l'audiovisuel n'a pas connu les progrès qu'a connu la presse écrite et il faut savoir que l'audiovisuel a plus d'impact de par l'universalité de son langage. Je suis obligé de dire que notre pays ne mérite pas d'être en retard face aux défis mondiaux qui nous sont imposé. L'image algérienne doit être portée par des Algériens et donc, il y a nécessité d'ouverture du champ pour la formation d'une opinion publique sur les enjeux internes et externe auxquels fait face notre pays.
Sur ce point, je reste optimiste et je dois vous rappeler que lors des assises de la société civile organisées par le Cnes, j'ai plaidé pour l'ouverture en question mais à condition que cette ouverture soit faite selon des étapes et
sur la base de règles biens définies. Autrement dit, le projet de loi est un premier pas positif mais il reste tributaire de codification des textes. Mais il y a des questions sans réponses. Qu'on parle d'autorité de régulation mais cela ne suffit pas car la question de validation concernant l'émission reste floue.
Est-ce que les porteurs de projets devront recourir aux prestations techniques de la TDA (Télédiffusion algérienne) Qu'entend-on par validation des autorités publiques concernant l'acte d'émettre (Gestion des fréquences radiophonique et télévisuels) ?
Sur ce point, le flou demeure et, sur le volet de la composante de l'autorité de régulation (désignation des membres de cette autorité) il est à se demander si l'Etat n'avance pas avec prudence ou si cette question relève d'autres considérations. Je pense qu'il ne faut pas bloquer les débats car tous les textes ne sont pas encore rendus publics et je suis persuadé qu'il y aura des amendements et des enrichissements par la suite.
A votre avis, qu'apportera cette ouverture au pays ? Cela va réparer le grand retard cumulé par notre pays mais il faut savoir que les télévisions sont des entités à caractère industriel et économique et les ressources financières doivent être bien étudiées et autant vous dire que cela va permettre de donner plus d'élan à la formation de l'audiovisuel et dynamisera l'action de formation. Ces chaînes constitueront des débouchées pour les techniciens ayant suivi des formations et dans ce sens, elles (chaînes télé) valoriseront les qualifications.
Cela étant, rien n'empêchera les propriétaires de chaînes de recourir aux services de techniciens étrangers comme cela se fait de par le monde et comme la mondialisation le dicte. L'ouverture du champ médiatique contribuera à la qualité des produits audiovisuels et répondra aux aspirations des Algériens qui sont devenus très exigeants.
Toutefois, cette ouverture requiert des soutiens de l'Etat bien que les porteurs de projets apporteront des fonds propres. Dit autrement, l'Etat apportera des programmes nécessitant des soutiens car ces derniers auront un caractère de service public. En définitif, la création de nouvelles chaînes devra remettre en cause l'organisation du marché publicitaire en fonction de la nouvelle donne.
D. M.
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