10-06-2011 | |
Bidonville «la carrière» de Mohamed Belouizdad Le business des baraques Les baraques coûtent entre 280 000 et 400 000 DA. L'APC appelle les anciens habitants du quartier à arrêter ces constructions illégales. Les occupants de l'immense bidonville appelé «la Carrière», du côté du quartier Cervantès, sur les hauteurs de la commune de Mohamed Belouizdad, risquent leur vie à cause de la menace d'un glissement de terrain et de chute de rochers qui pèsent sur eux. La plupart de ces familles ont acheté ou construit des baraques sur le flanc de cette colline abrupte dominée par le monument des martyrs Maqam Echahid. Le danger vient du fait que des blocs tombent souvent sur les toits de ces masures et provoquent des dégâts matériels et parfois humains (des blessés). Les témoignages ne manquent pas. «Nous étions endormis quand un rocher est tombé sur notre baraque. J'ai eu une blessure grave à l'épaule», dit une mère de famille. Ce qu'a vécu cette femme, d'autres ont également eu à le vérifier à leurs dépens. C'est le cas par exemple de cette mère de famille : «J'ai failli perdre mon enfant à cause de ce glissement. J'étais à l'intérieur de la maison quand mon enfant jouait à l'extérieur. Le bloc de pierre est tombé juste à côté de lui». Le danger se pose avec acuité surtout en hiver. Les occupants n'arrivent pas à dormir à cause de l'eau pluviale qui s’infiltre à travers les ouvertures du plafond constitué généralement de plaques de tôle. De plus, à cause du fort taux d'humidité, plusieurs enfants de ce bidonville sont atteints d'asthme. «Je n'ai que deux enfants et ils sont tous les deux asthmatiques. Maintenant, mon mari et moi, nous commençons nous aussi à avoir des problèmes de respiration», déclare un habitant du quartier. En plus de l'humidité, les familles font également face à la promiscuité. Un témoin affirme : «Nous sommes quatre personnes à partager cette chambre, bien que mon mari et moi sommes des techniciens supérieurs au ministère de la Santé. Nous n'arrivons pas à acheter une maison. Souvent nous louons des appartements de type F1 ou F2 à des prix élevés. Cela a duré jusqu'au jour où nous avons décidé d'acheter cette baraque à 280 000 DA». Au niveau de «la Carrière», l'activité immobilière bat son plein. On construit des baraques et on les vend au premier venu. L'essentiel, c'est de payer la somme demandée avant d'accéder immédiatement à «sa propriété». Les prix proposés pour l'achat oscillent entre 280 000 DA et 400 000 DA l'unité. Ces tarifs sont fixés en fonction de la superficie de la chambre-baraque. Il faut souligner que la plupart de ces habitants sont venus de plusieurs wilayas du pays et de plusieurs communes de la capitale. Ils ont tous trouvé refuge à «la carrière» faute de mieux. L'accès au logement public demeure problématique même pour les résidents, alors les étrangers à la capitale, de conditions très modestes, n'ont le choix que de se rabattre sur les sites précaires s'ils veulent y rester. Les sites précaires se multiplient à une vitesse vertigineuse du fait de l'absence de tout contrôle de la part des autorités. Un occupant, la quarantaine, qui dit venir de Jijel pour travailler à Alger a indiqué, «je n'ai pas trouvé un logement. Un habitant de ce quartier m'a vendu sa chambre». De nouveaux occupants malgré un «dispositif de veille» Dans ce bidonville, on se fait le même souci, à savoir le relogement dans des appartements en dur. Les habitants de «la carrière» seront-ils relogés ? «Ce n'est pas nouveau. Ce bidonville existe avant 2007. Depuis, le nombre des occupants a beaucoup augmenté», déclare Aggoun M'hamed, président de l'APC de Belouizdad. Selon lui, la population des baraques a considérablement grandi à cause des agissements de certains complices. «C'est la faute des habitants de cette commune. Ce sont eux qui ont ramené ces gens-là. A chaque fois, une nouvelle famille vient pour construire dans ce bidonville», accuse M. Aggoun. Pour mettre fin à ce problème, pour l'éradication des baraques, du moins le circonscrire dans ses limites actuelles, M. Aggoun appelle à la mobilisation de la population. «Les gens qui habitent dans ce quartier depuis 40 ans doivent stopper la construction des baraques. Ce sont eux qui vendent les morceaux de terrain et les carcasses à ces gens venus d'un peu partout», lance-t-il. Comme dans la plupart des sites précaires, «la carrière» est censée être encadrée par un «dispositif de veille» devant empêcher toute intrusion. Qu'en est-il au juste ? «»Nous avons créé une brigade. Celle-ci est animée par quatre personnes qui s'occupent de contrôler les lieux. Bien souvent, nous enregistrons des dépassements», reconnaît M. Aggoun. Par «dépassements», il veut signifier l'enregistrement fréquent de nouvelles constructions dans le bidonville. Le président de l'APC n'explique pas le pourquoi de cette situation. Samia Omiri |