DéCRYPTAGES Les fruits pourris du hasard
Bien qu'il soit du même bord politique, Bill Clinton ne semble pas avoir convaincu les siens sur la nature de la menace qui guette la sécurité nationale des Etats-Unis. Certes, le président Obama a promis de rediriger le canon vers Al Qaïda mais le nouveau rejet des talibans de la main tendue de Hamid Karzaï risque de lui fausser sous peu ses calculs.
Pareillement à la fraîche décision d'Ahmadinejad d'enrichir l'uranium à 20% sur le sol iranien ? Ce, au moment où ses émissaires à Vienne prétendent n'avoir jamais été aussi proches d'un accord avec les Occidentaux ?
L'ordre du président ultraconservateur à l'organisation de l'énergie atomique iranienne de faire tourner les centrifugeuses consisterait en un moyen de pression de la part des mollahs qui ne comptent pas «brader» leurs stocks d'uranium.
Mais il est impératif de tendre l'oreille pour savoir ce qui se dit en Turquie, pays désigné à recevoir les réserves d'uranium iranien après que la Russie ait été «écartée». Hôte du gouvernement d'Ankara, qui se refuse à s'asseoir à la table des Israéliens, le ministre de la Défense US, Robert Gates, continue de douter en la volonté du régime de Téhéran à parvenir à un accord.
Les deux parties en sont bien loin et devront le rester tant que les Iraniens ne suivront pas à la lettre la proposition originale du groupe des six. Soit transférer en une seule fois la quantité d'uranium vers un pays convenu et attendre qu'il soit restitué un jour et par étapes en barres de combustible. A ce stade-là de profonde divergence, il n'y aurait plus grand-chose à faire.
Si ce n'est se retourner vers le Conseil de sécurité où les réticences sur le vote d'un nouveau régime de sanctions ne concernent plus que les Chinois.
Leurs homologues russes viennent de pondre une précision de taille. Si sanctions il y aura, elles devront se limiter au domaine du nucléaire. C'est tout à fait clair, le Kremlin n'est pas d'avis à ce que l'économie de son allié iranien soit touchée.
Si les Occidentaux se bornent à consigner ces contraintes économiques, il faudrait s'attendre au mieux à une abstention des Russes lors du vote d'un éventuel texte de résolution.
Au pire, à un veto en bonne et due forme. Rendre manifeste la nouvelle doctrine militaire du gouvernement Medvedev à ce moment précis, à travers laquelle l'expansionnisme de l'Otan aux portes de la Russie est considéré comme principale menace, ne contribuera-t-elle pas à jeter davantage de froid sur les relations Russie-Occident avant un hypothétique dépôt de projet de sanctions anti-iranien ?
Les affinités que Barack Obama a cru avoir avec Dmitri Medvedev ne seraient que pure illusion. Au grand dam de l'Etat hébreu qui, profitant des «excuses» du Hamas au sujet de la mort de civils israéliens durant la guerre de Ghaza, tient toujours à ce que sa sécurité passe avant et au-dessus de la paix au Proche-Orient.
Par Anis Djaad
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