Tiaouinine (Ouaguenoun)
Un «parfait» isolement
Le village Tiaouinine, dans la commune de Ouaguenoun, est sans doute le village qui souffre du plus grand isolement au niveau de cette localité située à moins d'une vingtaine de kilomètres de la ville de Tizi Ouzou.
Scindé en deux hameaux, Tiaouinine bwada (bas) et oufella (haut), le village est niché sur le flanc nord du djebel Aïssa Mimoun qui fait face à la commune de Boudjima. Il est desservi par un seul chemin difficilement carrossable, sur une longueur qui avoisine les quatre kilomètres.
Ce chemin sinueux et qui se jette dans la forêt fait jonction avec le chemin intercommunal qui va jusqu'à Ighil Bouchène, dans la commune voisine d'Aït Mimoun. L'état de cette route qui s'apparente beaucoup plus à une piste n'arrange guère la vie de ses habitants.
Il y a quelques jours, les autorités locales ont procédé à une opération de nivelage de cette route qui présentait des crevasses, des déchaussements et des milliers de nids de poule. A Ouaguenoun, il y a au moins trois routes réalisées en tri-couche, alors que ce procédé est considéré comme désuet, du fait surtout que la route réalisée de cette façon ne tient pas longtemps et se retrouve cabossée et difficilement carrossable au bout de deux ou trois années seulement.
Ces routes sont celles menant du village Agouni Bougdal à Djebla, sur environ trois kilomètres, et celle qui relie le village Agouni Uzaraz à la limite territoriale avec la commune voisine de Timizart, sur trois kilomètres également. Aujourd'hui, les habitants de Tiaouinine n'en peuvent plus. «On appelle ça du bricolage tout court. C'est carrément de l'argent jeté par les fenêtres», nous dira un habitant du village qui n'a pas omis de vitupérer contre cette situation des plus intenables.
A quelques jours de la rentrée scolaire, et surtout avec l'approche de la saison des pluies, l'angoisse des parents prend une courbe exponentielle. Aller à l'école pour un élève de ce village relève du parcours du combattant. C'est un véritable exploit. Outre la route citée plus haut, le village est accessible via une piste qui serpente sur environ deux kilomètres.
En hiver, elle devient un vrai bourbier. La seule et unique école primaire du village est fermée depuis plus de 10 années maintenant. Les élèves du primaire, étant dans l'impossibilité de poursuivre leur scolarité au niveau du village voisin Amalou que dessert la piste en question, sont obligés de se rendre
au chef-lieu de la commune de Ouaguenoun pour poursuivre leurs études au même titre que les lycéens et collégiens. Pour ce faire, un seul et unique bus assure le transport des élèves de ce village. Se rendre à Tiaouinine est une chose qui n'est guère aisée. Il n'existe pas de moyens de transport. Les travailleurs et les villageois se débrouillent comme ils peuvent.
A quand le lancement d'un PPDRI ? Tiaouinine est l'exemple type d'un village kabyle qui souffre d'un grave isolement. En dehors de la saison chaude, la vie y est rude. Aujourd'hui plus que jamais, ses habitants aspirent à une vie meilleure. Le seul et unique moyen de casser cet isolement, c'est bien d'avoir une route digne de ce nom et d'autres projets, notamment dans le cadre du PPDRI, programme à même d'atténuer les insuffisances dont il souffre.
A ce titre, il est à signaler que le PPDRI dont a bénéficié ce village et celui d'Ihdhikaouène est toujours en souffrance après plusieurs années. Ce dernier village souffre aussi de l'isolement. Même s'il n'est pas aussi accentué que celui de Tiaouinine, il demeure qu'Ihdhikaouène Oufella enregistre d'innombrables manques. Ce village est surtout «terrassé» pour ainsi dire par le manque d'eau.
B. B.
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