La réglisse de mon enfance de Djamila Abdelli-Labiod Dans l'antichambre du paradis
Dar el Maârifa vient de faire paraître un nouveau roman de Djamila Abdelli-Labiod qui raconte son enfance en France et en Algérie. L A réglisse de mon enfance titre suggestif qui donne l'eau à la bouche est le premier roman de cette enseignante qui relate son enfance.
La nostalgie en bandoulière et une pointe de tendresse comme viatique, elle arpente hors des sentiers battus un récit mâtiné de souvenances nostalgiques. Lina, personnage principal de ce roman, évoque un pan de sa vie en France. Lina narre le milieu ouvrier prolétaire de ses parents qui arrivent difficilement à boucler les fins de mois, dans une France où l'on parle d'intégration.
Simultanément au gré de ses souvenirs, elle pointe d'un doigt accusateur le pouvoir politique avec son slogan de l'intégration et fustige l'Algérie avec ses us et coutumes qui délimitent toute liberté des femmes. Elle dit avec attachement cette convivialité et amitié entre les deux communautés. Lina se remémore les attentions, les prévenances et les courtoisies des voisines. La vie des petites gens Ce roman fait des feed-back entre la France et l'Algérie avec ces petits riens qui tissent les souvenirs d'une vie d'enfant. Elle tente de décrypter ces sociétés avec ses yeux d'enfant sans magnifier ni amoindrir ces deux environnements.
L'auteur à travers son héroïne Lina renvoie une image des beurs qui sont assis entre deux chaises. Entre la France pays de sa naissance et l'Algérie pays de ses origines, c'est une histoire d'amour tourmenté et troublé qui la taraude toute sa vie. Elle renvoie à ce spleen qui colle à la peau toute une vie.
Ce roman relate la vie simple des petites gens unis par un même ciment : la solidarité et l'entraide entre ces deux communautés.
En outre, dans son récit elle s'insurge contre la condition des femmes en Algérie qu'elle estime déplorable au regard de tant de lourdeurs dans les traditions. Ce carcan de traditions qui enserrent et étouffe toute velléité de sédition.
Djamila plaide pour un monde de tolérance, de non-violence et d'altruisme. Elle raconte ses ressentis, ses désenchantements et ses espoirs. La réglisse de mon enfance est une chronique de souvenirs ineffables tantôt agréables, tantôt déplaisants qui s'insinue dans une approche intimiste d'une période donnée.
De grands moments de sincérité, des élans nostalgiques, des saisissements troublants donnent à cette saga une dimension sentimentale. C'est une œuvre qui emprunte les arcanes du temps, les fils de la mémoire et les soubresauts des sentiments. Un roman parfaitement troussé qui se décline dans une belle nostalgie fait parler le cœur et l'âme des hommes. D'une plume exigeante, cet ouvrage prenant et emballant est le premier de Djamila, une plume littéraire prometteuse. L'amour du prochain C'est un hymne à l'amour, l'altruisme, la liberté et la tolérance. En témoignent ses propos «Lina observait de si haut un pays aux dimensions de la terre où les hommes communiquent avec des mots universels les rapprochant entre eux. Un pays où tout le monde a de la nourriture en abondance, et de l'eau limpide à profusion. Ce pays s'appelait «l'antichambre du paradis».
Un souhait cher et un vœu pieux pour cette écrivaine qui rêve d’un monde plein d'humanité où les dissensions culturelles, cultuelles et ethniques sont transcendées. Un monde d'amour du prochain. A lire avec délectation.
K. A.
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