Point net
C'est quoi une info ?
Même si les choses étant au point où elles sont, cela est devenu une cruelle banalité, annoncer la grève des cheminots, du personnel paramédical, des enseignants, des étudiants ou des fonctionnaires est une «information».
Mais en quoi dire qu'il n'y aura pas de grève serait aussi une information ? Les Algériennes et les Algériens, comme le reste de l'humanité travailleuse, étant censés aller au boulot tous les jours en dehors des jours légaux de repos, pourquoi la presse nationale annonce-telle dans chaque édition imprimée que tel ou tel débrayage «n'aura pas lieu» ?
On ne sait pas si on se rend compte vraiment de l'énormité de la chose, mais dire que demain, des Algériens d'un secteur d'activité quelconque ne feront pas grève, c'est comme si on retrouvait en manchette ou en streamer, que des gens vont… travailler ce jour-là ! Tout le monde aura remarqué le cheminement : on formule des revendications dont l'essentiel est légitime, la tutelle fait la sourde oreille et met toute son arrogance dans le plat.
Des syndicats dont la représentativité et la crédibilité ne sont pas toujours évidentes compensent leur déficit en la matière par la surenchère. Ils savent toutefois que les arrêts de travail étant synonyme de jours de repos providentiels, ils deviennent du pain béni pour lesquels très peu de monde renoncera. Ils savent aussi que la «conjoncture» s'y prête parfaitement puisque, paraît-il, en ce moment, «il suffit de demander». Les autorités savent également.
Elles savent que s'il suffit de demander, il suffit aussi de promettre. Faire un geste, comme on dit. Et la grève n'aura pas lieu, ce qui devient du coup une info. Cerise sur le gâteau, on ne fait pas de politique ! La politique, ça se fait à l'Assemblée nationale où les mal-élus et les pas-élus du tout jouent aux élus du peuple. Ils sont le problème, ils nous proposent les solutions. Pas mal, non ?
Ils sont tellement compétents qu'ils appréhendent l'arrivée des femmes incompétentes par la grâce des quotas. Les quotas, il n'en a bien sûr jamais été question pour eux. Insuffisants, ils ont ajouté la chekara. Ils ne veulent pas d'autres partis, puisqu'ils suffisent à notre bonheur. Sinon, on ne leur aurait pas confié notre avenir qui rime avec… leur départ. Deux informations : la grève dans l'éducation n'aura pas lieu et les élus du peuple discutent les lois sur les associations et l'information. Il ne peut pas venir seul un jour, ce bonheur ?
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