Point Net L’émeute expliquée aux nuls
Le ministre de l'Habitat a trouvé l'explication aux émeutes qui secouent à n'en plus finir toutes les localités du pays pour le logement. Pour M. Nouredine Moussa, si des citoyens expriment systématiquement leur colère, parfois avec violence, à chaque fois qu'une liste de bénéficiaires de logements est rendue publique, c'est la faute des collectivités locales qui ne «sensibilisent» pas assez et «communiquent» mal avec les demandeurs déçus.
Bien sûr, les responsables locaux ne sont pas un exemple ni en matière de transparence ni en matière d'équité. Ils ne sont pas non plus au- dessus de tout soupçon quant à la destination des logements sociaux dans leurs différentes formules, objets d'insoutenables prédations et coffres-forts intarissables de la corruption.
Le problème est que c'est la «sensibilisation» et la «communication» que le premier responsable du secteur convoque encore une fois pour justifier des émeutes chroniques qui, qu'on le dise, doivent quand même s'expliquer autrement, c'est-à-dire par le plus simple :
il y a une réelle crise de logement dans le pays. Tout aussi simplement, on voit très mal un Algérien mal logé ou pas logé du tout, prendre son mal en patience parce que le maire ou le chef de daïra aura pris la peine de lui expliquer pourquoi… il n'aura pas l'appartement qu'il attend ou carrément le nourrir d'un beau discours !
ça aurait été trop beau pour ces responsables qui pourraient ainsi s'en sortir avec moins de complications pour qu'ils n'y pensent pas.
Quand le ministre de l'habitat appelle les associations de quartier à la rescousse pour que les logements soient distribués dans la transparence et l'équité, ce ne doit pas être parce qu'il y a un déficit de communication, mais parce qu'il y a un déficit de… logements !
Et en matière de communication, on ne peut pas vraiment dire que les plus hautes autorités donnent l'exemple, pour pouvoir accabler ceux qui sont à un moindre niveau de responsabilité.
Sinon, les Algériens demandeurs de logements n'apprendraient pas tous les jours que des dizaines de milliers d'appartements sont livrés, sur le point d'être livrés ou incessamment livrés.
Ils n'auront pas non plus la certitude qu'il suffit d'ériger une baraque ou de montrer une certaine capacité de nuisance pour accéder – enfin – à un logement. Et surtout de donner l'impression que, conjoncture oblige, il suffit de «demander», avec le maximum de véhémence possible, pour tout avoir. Y compris quand il n'y a pas grand-chose à avoir, comme dans le cas précis du logement.
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