Chérif Kheddam tire sa révérence L’artiste émérite qui a légué une immense œuvre
Cherif Kheddam, auteur d'une œuvre intemporelle, est décédé à l'âge de 85 ans des suites d'une longue maladie. Artiste émérite, eu égard à l'immense œuvre qu'il a laissée pour le patrimoine musical algérien en général et kabyle en particulier, Cherif Kheddam a eu un parcours atypique.
Ce grand maître et pilier de la musique algérienne a construit une œuvre jouée par de nombreux orchestres symphoniques. Il a travaillé à la Radio télévision algérienne (RTA) pendant 24 ans.
Dès 1964, et jusqu'en 1975, il animera la mémorable émission «Les chanteurs de demain», qui a permis l'éclosion de nombreux talents et autres monuments de la chanson kabyle, à l'image de Idir, Aït Menguellet, Nouara, Karima et Malika Domrane qui faisait partie à l'époque de la chorale Fatma N'soumer, etc.
Cherif Kheddam est né le 1er janvier 1927 à Ath Boumessaoud, ce village haut perché de la commune d'Iferhounène, qui fait face à l'immense chaîne du Djurdjura. En 1948, il émigre en France et revient en Algérie juste après l'Indépendance.
Après quelques années de scolarité à l'école française, il intégrera les cours de Cheikh Oubelkacem de la zaouïa de Boudjelil, à Tazmalt, dans la wilaya de Béjaïa, où il suit son cours coranique jusqu'en 1942. En 1947, il part en France et s'installe à Saint-Denis puis à Epinay.
En 1955, il enregistre sa première chanson A Yellis N'tmurtiw (La fille de mon pays). Le succès fulgurant qu'elle a eue lui ouvrira grandes les portes de la maison Pathé-Marconi EMI en 1956.
Il enchaînera les succès tout au long de sa carrière, et dont certains sont tout simplement des bijoux musicaux. C'est en 1988 qu'il prend sa retraite à Rouiba, où il vivait avant de reprendre le chemin de l'Hexagone en 1995. Le défunt suivait un traitement depuis plusieurs mois pour insuffisance rénale. Radio Tizi Ouzou a consacré ses programmes d'hier au défunt La nouvelle de la disparation de Cherif Kheddam qui a laissé la musique kabyle orpheline a vite fait le tour des chaumières les plus reculées des hautes montagnes de Kabylie où l'on n'a jamais cessé de fredonner quelques-uns de ses airs mielleux. La toute jeune station de radio régionale, Radio Tizi Ouzou, a consacré l'ensemble de ses programmes de la journée d'hier à ce monstre sacré de la musique kabyle.
Toute la journée, elle émettait en boucle ses chansons et son inépuisable répertoire. De 17h à 18h, les ondes de la radio ont accueilli une émission spéciale avec l'intervention à partir de Paris de nombreuses îcones de la chanson kabyle, comme Aït Menguellet, Idir, son manager…
B. B.
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