Transport en commun à Alger
La galère des usagers
Le calvaire des Algérois avec le transport en commun continue. En effet, la capitale offre, à de rares exceptions, le même spectacle : de longues files d'attente aux arrêts de bus aux heures de pointe, circulation urbaine au bord de l'asphyxie et une qualité de service souvent inacceptable.
La plupart des usagers du transport en commun s'accordent à dire que prendre le bus relève du parcours du combattant. Les arrêts de bus sont toujours en effervescence. Les usagers se bousculent devant les arrêts en espérant avoir une place dans un bus. Tâche qui n'est pas facile pour les moins chanceux et les moins forts.
Ce décor traduit le calvaire que subissent les usagers dans leurs déplacements quotidiens. «On attend parfois plus d'une heure pour monter dans un bus», déclare un employé dans une agence immobilière à El Biar, rencontré à la station de bus Aïssat Idir (1er Mai) (Alger). A l'arrivée du bus, on assiste à une véritable pagaille avec des passagers qui se jettent sur les chaises vides. Là, l'usage de la force est le maître des lieux.
«Les jeunes n'hésitent pas à faire usage de leur force pour avoir une place», déplore une quadragénaire, rencontrée à la station de bus de Tafoura, sur un ton de désolation. La situation se complique davantage aux heures de pointe où une anarchie totale et visible caractérise ces stations. Vétusté des engins Le comble c’est l'état des bus ou plutôt des engins utilisés. «La plupart de ces bus, surtout ceux des opérateurs privés, méritent d'être mis à la fourrière», pense un citoyen, employé dans une banque nationale à Chéraga. Cet avis est partagé par un autre riverain rencontré à la station de Chevalley (El Biar), disant d'un air ironique :
«On dirait qu'ils datent du début du siècle.» Et d'ajouter qu'il arrive parfois que les portes ne se ferment pas. Il ne faut surtout pas s'étonner si les dossiers des sièges n'existent pas parfois. Monter dans un transport vétuste est une véritable aventure. «Est ce que nos responsables sont aveugles ?», s'exclame-t-il avant de poursuivre : «Est ce qu'ils sont au courant de l'état déliquescent de ces bus ?» Insuffisance de bus Le calvaire continue avec le nombre de bus insuffisants. Alors il faut s'armer de patience et de courage pour pouvoir monter dans un bus surtout en fin de journée lorsque la pression atteint son paroxysme au moment où les gens veulent rentrer chez eux. Quand le bus arrive, des disputes éclatent et des insultes fusent.
Les usagers se bousculent pour monter tous en même temps. Des décors permanents qui se dessinent chaque jour à cause de l'insuffisance des moyens de transport, une problématique qui se pose avec acuité. Recours aux clandestins Face à ce déficit, certains passagers impatients se rabattent sur les clandestins. Ces citoyens trouvent dans ce mode de transport une bouée de sauvetage. Ces fraudeurs qui rôdent souvent près des stations de taxis n'hésitent pas à imposer dans ces situations leur diktat en pratiquant des prix irraisonnables.
Cette pratique est un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans la capitale et les grandes villes. Devant cette situation, les usagers du transport en commun mettent de grands espoirs dans les projets du tramway et du métro d'Alger pour les délivrer de cette crise du transport qu'ils vivent au quotidien.
Karima Adjemout
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