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Comment survient l’arthrose ?
Historiquement, l'arthrose était présentée comme une «usure» du cartilage, qui, en vieillissant, tend à perdre son élasticité. Cette notion d'âge semblait être l'inévitable tribut à payer au vieillissement et aux traumatismes répétés. Les résultats des recherches récentes indiquent que l'arthrose doit aujourd'hui
être considérée comme un syndrome dégénératif et inflammatoire complexe qui constitue l'aboutissement ultime de diverses maladies affectant l'ensemble des tissus articulaires (cartilage, mais aussi os et membrane synoviale). Les articulations affectées sont essentiellement les genoux, les hanches, les étages lombaires et cervicaux de la colonne vertébrale et la main.
Les facteurs de risque les plus reconnus sont le patrimoine génétique, les traumatismes articulaires, le surpoids et l'âge. L'arthrose du genou est principalement liée au surpoids et au traumatisme, alors que celle des doigts de la main est beaucoup plus génétique et hormonale.
L'arthrose se manifeste cliniquement par des douleurs articulaires. L'épaisseur du cartilage est progressivement diminuée. Le cartilage se ramollit, perd son élasticité et se fissure. Progressivement apparaissent des ulcérations qui peuvent être très profondes et atteindre l'os sous-chondral.
Cet os sous-chondral va se condenser puis se nécroser. Des excroissances osseuses vont se former dans la cavité articulaire (appelées "bec de perroquet") à l'origine de la limitation des mouvements. Parallèlement à ces atteintes de l'os et du cartilage, la membrane synoviale se gonfle et produit un liquide synovial plus épais,
ce qui entraîne une diminution de ses propriétés de lubrification des surfaces articulaires et entretient l'inflammation locale. A l'échelle moléculaire, l'arthrose est liée à une destruction progressive de la matrice extracellulaire du cartilage. Cette destruction résulte d'un déséquilibre entre la dégradation (catabolisme) et la synthèse (anabolisme) des composants de cette matrice. Aucun traitement n’est capable de la guérir Il n'existe aujourd'hui aucun traitement capable de guérir ou de stopper l'arthrose. La prise en charge des patients doit associer un traitement non pharmacologique (rééducation, orthèse, semelle, régime amaigrissant) à un traitement pharmacologique. Les traitements non pharmacologiques améliorent essentiellement la fonction articulaire. Les traitements pharmacologiques actuels soulagent
la douleur (analgésique, anti-inflammatoires) et, pour certains, ralentiraient sensiblement la destruction du cartilage mais avec une pertinence thérapeutique non démontrée (glucosamine, chondroïtine sulfate, insaponifiables de soja et d'avocats, injection intra-articulaire d'acide hyaluronique). Les traitements futurs devront s'attaquer aux origines moléculaires de l'arthrose pour espérer stopper le processus dégénératif ou mieux restaurer l'intégrité du cartilage. Des essais cliniques sont en cours.
Un nouvel espoir de traitement pourrait également naître de l'ingénierie tissulaire. Cette nouvelle branche de la médecine régénératrice a pour principe la greffe sur le site de la lésion des cellules du patient associées à un biomatériau. Objectif : régénérer le tissu malade.
Cette approche offre aujourd'hui des perspectives intéressantes, en particulier, grâce à l'utilisation de cellules souches aux capacités régénératrices prometteuses. L'émergence d'ici trois à dix ans de cette nouvelle approche pourrait enfin permettre aux patients, jeunes notamment, de bénéficier de traitements leur permettant de prévenir l'évolution de leur articulation vers une arthrose précoce.
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