Monuments de culte à l'étranger La grande mosquée de Paris, la première en France métropolitaine
La Grande mosquée de Paris est la plus grande mosquée de France de style hispano-mauresque avec un minaret de 33 m. Elle est située dans le quartier du Jardin-des-Plantes du 5e arrondissement de Paris. La mosquée fut inaugurée le 15 juillet 1926 et Si Kaddour Benghabrit en est le fondateur.
L'histoire de la mosquée de Paris est liée à la colonisation. Un premier projet de mosquée à Paris dans le quartier Baujon en 1842, puis la relance d'intentions similaires de l'ambassade marocaine en 1878 et 1885 sont attestées. En 1846, la Société orientale propose un projet de construction «à Paris, puis à Marseille, d'un cimetière, d'une mosquée et d'un collège musulmans».
«Aux motifs philanthropiques, s'ajoutent des raisons politiques (la conquête et la pacification de l'Algérie) mais également religieuses car les musulmans sont estimés plus proches du christianisme romain que ne le sont les juifs. La réaction négative du ministère de la Justice et des Cultes, qui débat avec le Quai d'Orsay, enterre le projet pour dix ans.
La première «mosquée» au Père-Lachaise L'ambassade ottomane à Paris est à l'origine de l'arrêté préfectoral du 29 novembre 1856 qui délimita un enclos spécial réservé aux inhumations de musulmans dans la 85e division du cimetière de l'Est parisien, dit du Père-Lachaise.
L'enclos aurait mesuré environ 800 m2. On y éleva un édifice, appelé «mosquée», pour abriter la toilette mortuaire et la prière aux défunts.
Ce fut ainsi la première mosquée aménagée sur le territoire parisien et non pas la première en Europe de l'ouest depuis la disparition des musulmans du sud de la France au IXe siècle, car une première mosquée a longtemps été utilisée à Marseille dans l'enceinte du cimetière des Turcs et détruite pendant la Révolution. Le cimetière abrita d'abord les sépultures des
Ottomans morts en France. Peu utilisé, en 1883, il a été rétréci. Le bâtiment se délabra. Le gouvernement ottoman décida de financer sa reconstruction et son extension. En 1914, un projet architectural est proposé ; un édifice plus important avec un dôme et des caractéristiques islamiques affirmées. La guerre empêcha la réalisation de ce projet.
En 1923, la commission interministérielle des affaires musulmanes discuta des travaux à exécuter au cimetière musulman du Père-Lachaise. Elle conclut à l'inutilité d'édifier une mosquée dans cette nécropole, puisque l'on en bâtissait une dans le quartier du Jardin des plantes.
Le projet de 1895 Un premier projet de mosquée est envisagé sans succès en 1895 par le Comité de l'Afrique française animé par Théophile Delcassé, Jules Cambon, le prince Bonaparte et le prince d'Arenberg. Le journaliste Paul Bourdarie justifie la construction de la mosquée de Paris dans le journal La Revue indigène : «Une telle proposition ne pouvait être oubliée et disparaître.
Elle correspond trop bien à la politique que la France se doit à elle-même de suivre envers ses fils musulmans, et qui doit se traduire tantôt en actes d'équité politique ou administrative et tantôt en gestes de sympathie ou de bienveillance.» Dès sa fondation en 1906, La Revue indigène avait mis dans ses plans de reprendre ce projet dès que seraient réalisées les réformes qu'elle se proposait de préconiser et de faire aboutir.
Les membres de la délégation musulmane algérienne venue à Paris en 1912 : MM. le Dr Benthami, Dr Moussa, Mokhtar Hadj Saïd, avocat, etc., se rappellent que la question fut abordée à ce moment au cours des réunions qui eurent lieu au siège de La Revue indigène.
Entretemps, M. Christian Cherfils, islamophile, auteur d'un ouvrage connu sur Napoléon et l'islam, préconisait de son côté l'érection d'une mosquée à Paris. D'autres, sans doute, entrevoyaient la même construction comme désirable et possible. Bourdarie n'avait cessé de faire pression et de faire partager son projet et avait entrepris de longues démarches qui finirent par trouver l'oreille du gouvernement de l'époque.
Et ce fut dans l'été 1916 qu'un certain nombre de musulmans habitant Paris et d'amis des musulmans se rencontrèrent à plusieurs reprises au siège de La Revue indigène pour examiner et, au besoin, critiquer les esquisses de l'architecte. Je puis nommer : l'émir Khaled, venant du front et de passage à Paris ; le Dr Benthami, le muphti Mokrani, le Dr Tamzali et son frère, Halil Bey, Ziane, le peintre Dinet, la comtesse d'Aubigny, Lavenarde, Christian Cherfils, A. Prat, député, etc.
Paul Bourdarie est le véritable père du projet de la mosquée de Paris, il a travaillé inlassablement à la réalisation de ce projet. Le premier concepteur du projet est l'architecte Maurice Tranchant de Lunel, qui a été directeur des Beaux-Arts sous Lyautey (1912 à ?) – M. Tranchant de Lunel ami de R. Kipling, de C. Farrère, de la reine Élizabeth de Belgique.
La décision de construire la Grande mosquée de Paris, première mosquée construite en France métropolitaine, est prise après la Première Guerre mondiale pour rendre hommage aux 70 000 morts de confession musulmane qui avaient combattu pour la France.
Elle est inaugurée le 16 juillet 1926. Inspirée de la mosquée el-Qaraouiyyîn de Fès (une des plus importantes mosquées du Maroc et une des plus anciennes au monde), toute sa partie décorative, et en particulier les mosaïques, est confiée à des artisans spécialisés d'Afrique du nord avec des matériaux traditionnels.
Le minaret de 33 m est inspiré de celui de la mosquée Zitouna en Tunisie. La grande porte de la mosquée de Paris est ornée de motifs floraux stylisés
dans le plus pur style islamique. La mosquée, ainsi que le centre islamique, fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis
le 9 décembre 1939. L'édifice reçoit également le label Patrimoine du XXe siècle. La Grande mosquée de Paris peut accueillir 1000 personnes, autorise l'accès aux femmes et dispose de salles d'ablutions ainsi que d'un accès pour handicapés.
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