Point net
Le billet de 2000 et le bas de laine
On nous a dit que l'émission de billets de 2000 dinars mettra fin à la crise d'argent liquide. Il n'y a pas eu de billets de 2000 dinars devenus des objets de collection quelques jours seulement après leur mise en circulation et la crise d'argent liquide s'est quand même réglée, manifestement toute seule.
Qu'on ne s'y méprenne pas, le caractère " conjoncturelle " du manque de billets évoqué à chaque fois pour expliquer la chose n'explique pas tout. Les sommes que requièrent les fêtes religieuses, la ruée vers les bureaux de poste et les agences bancaires à la faveur des rentrées scolaires ou des départs en vacances ne sont qu'une broutille, comparées à ce que les transactions, légales ou frauduleuses engloutissent quotidiennement, en temps " normal ".
L'argument ne tient donc pas la route. Quand on achète, les plus grosses cylindrées du monde, les maisons les plus luxueuses, les terrains les plus vastes et les mieux situés, des immeubles et des… âmes et qu'on paie tout ça cash et en liquide, ce n'est pas toujours parce qu'on y est obligé. Quand des diplomates vendent leurs devises au square Port Saïd, quand des importateurs de gros calibre en achètent au même endroit ou dans des espaces plus discrets mais de la même engeance, on imagine la différence :
avec ce que coutent le mouton de l'Aïd, le trousseau scolaire, une semaine de camping ou un repas de fin d'année. Et comme ce qui reste dans le bas de laine de la thésaurisation est encore plus volumineux que ce qui en sort par intermittence, quand on sait que le bas de laine est alimenté en permanence puisqu'il ne fait pas la différence entre conjoncture et temps normal, il devient évident que c'est à ce niveau là que se créent les " crises d'argent liquide " et que c'est paradoxalement là aussi qu'on en vient à bout.
Comme par inadvertance. Dans la foulée, on se demande les raisons, d'abord de cette frénésie pour un billet qui, mis en circulation n'arrange rien, disparu ne gâte rien et-éventuellement- revenu ne promet rien.
Ensuite de l'enthousiasme du gouverneur de la Banque d'Algérie à annoncer un imminent " arrivage " de nouveaux billets de 2000 dinars, sans nous expliquer ce qu'est la première fourrée devenue. On l'aura presque oublié, C'est dans la même foulée que M. Laksassi s'est désolé que le paiement électronique ne représente que 10% des transactions commerciales du pays. Et encore !
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