Un œuf à 12 dinars !
Les prix des œufs ont grimpé. Un œuf coûte au te minimum 9 dinars chez les marchands spéciaux et dépasse les 12 dinars chez les commerçants et autres détaillants. Un prix jamais atteint en cette saison où la consommation n'est pas très importante. Les professionnels du secteur n'écartent pas d'autres augmentations.
«Les prix vont encore grimper. La plaquette de 30 œufs va atteindre et même dépasser 400 dinars», affirme Mokrane Mezouane, président de l'Association de la filière avicole. Il explique cette hausse par essentiellement la hausse des prix des céréales sur les marchés internationaux, qui ont franchi le cap des 4200 dinars le quintal.
«Une poule pondeuse consomme entre 160 et 170 g d'aliments par jour, ce qui fait que son coût alimentaire revient à plus de 6 dinars/jour à l'éleveur», explique notre interlocuteur, soulignant que le coût d'une poule prête à pondre a atteint actuellement les 500 dinars, alors qu'il était de 240 dinars seulement.
Les marges bénéficiaires des éleveurs et vendeurs d’œufs est l'autre facteur à l'origine de cette augmentation. «Le cercle de distribution est très long. Le produit passe par plusieurs intermédiaires avant d'arriver au consommateur», a expliqué M. Mezouane, affirmant que les aviculteurs ont sollicité les pouvoirs publics pour la suppression de la marge bénéficiaire sur l'aliment.
Une proposition restée lettre morte en dépit de son importance dans la régulation du marché. «La taxe est estimée à 600 dinars. Les éleveurs disent qu'ils ne peuvent plus supporter cette charge supplémentaire. Nous avons expliqué les contraintes aux pouvoirs publics et demandé de supprimer ou au moins de réduire cette taxe afin d'aider les aviculteurs.
Aucune suite n'a été donnée à notre proposition», a-t-il dit. La constitution d'un stock pour la régulation du marché des œufs a été également proposée par l'association des aviculteurs. «Il y a des saisons où la consommation n'est pas très importante alors que la production se poursuit. Nous avons estimé opportun de régulariser le marché en stockant le surplus de production et en organisant l'approvisionnement du marché durant toute l'année. Ça n'est toujours pas pris au sérieux», a-t-il regretté. On veut importer des œufs La concertation avec les pouvoirs publics n'a pas été d'un grand apport pour la filière qui continue de traîner beaucoup de problèmes. Le dernier en question a été cette tentative d'importation massive d’œufs que les aviculteurs tentent d'éviter pour sauver la production locale. «Nous sommes dans une situation très critique et même catastrophique», dira M. Mezouane.
Après une légère reprise de l'activité, des importateurs ont proposé d'inonder le marché local avec des œufs invendus importés de France et de Belgique. Cette marchandise était précédemment destinée à la Tunisie, au Yémen, à la Syrie, à la Libye et à l'Egypte, mais les événements vécus par ces pays ont fait que cette marchandise n'est pas arrivée à sa destination finale.
Ne voulant pas la jeter et occasionner des pertes énormes, ces pays ont proposé à ces importateurs de placer ces œufs sur le marché local à des prix cassés, soit moins de 50% de son prix réel. «Il était question d'importer 200 000 œufs par semaine», souligne notre interlocuteur, précisant que cela «engendrera une concurrence déloyale sur le marché et aura pour conséquence l'effondrement de la filière nationale».
Nouria Bourihane
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