Point net
Oui, les évidences sont utiles !
Le représentant à Alger du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), M. Mamadou Mbaye trouve que " les émeutes qu'a connues l'Algérie en janvier dernier ne se seraient jamais produites si les jeunes avaient trouvé une oreille attentive ".
En matière d'évidences, il est peut-être difficile de faire mieux, amis les évidences quand elles collent à ce point à la réalité, voire la pertinence du diagnostic, sont toujours utiles. D'abord le contexte de cette déclaration qui aurait pu suffire dans l'absolu à apprécier à quel point cette " oreille attentive " manque cruellement et doublement dans le cas algérien.
C'est en effet à l'occasion d'une " journée d'études sur les liens entre le parlement et la société civile " que le responsable du PNUD, qui ne croyait peut-être pas si bien dire dans un genre d'intervention où évidemment la réserve et le protocole prennent souvent le dessus sur le reste.
On peut bien évidemment faire l'impasse sur l'anachronisme de ces " journées d'études " dont on a depuis longtemps une idée assez précise quant à leur utilité, pour ne garder dans l'intitulé que les mots-clés, parlement et société civile. Et nous voilà rapidement passés de… l'impasse à l'expédition. Pour cause, il n'y a ni parlement ni société civile ! L'Assemblée Nationale, dont les conditions d' "élection ",
le mode de fonctionnement et les rapports à l'exécutif font dans le meilleur des cas sourire ne s'est jamais cru redevable de quoi que ce soit à la société de citoyens. Les députés auraient pu faire preuve de sincérité pour une fois- ou alors pousser le cynisme jusqu'au bout- en disant que ce ne sont pas les citoyens qui les ont élus pour les écouter ! Mais c'est déjà trop leur demander.
Quant à la " société civile ", elle n'est pas logée à meilleure enseigne. Plus servile que civile, coquille vide, elle se fait convoquer illico presto à chaque fois qu'on a besoin de faire semblant. Semblant de consensus sur des mesures parties comme une lettre à la poste, semblant de souveraineté nationale menacé par des moulins à vent, semblant de représentation populaire qu'on sait illusoire,
semblant de rassemblement national qu'on sait dérisoire. En retour, il y a les subventions sans contrôle, quelques strapontins et au bout l'illusion de servir à quelque chose. Et si quelqu'un, à cette journée d'études organisée par le parlement devait aller au fon des choses, il n'aurait sans doute pas eu plus de difficultés que M Mbaye, puisqu'il lui aurait suffi de dire d'autres… évidence. A commencer par la nécessité d'avoir un vrai parlement et une vraie société civile !
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